Voicile solution du groupe 85 grille 3 Celui qui sâoccupe et soigne les Ă©lĂ©phants. CORNAC. Le pĂšre câĂ©tait Lucien le fils câĂ©tait Sacha. Voici le solution du groupe 85 grille 3 Le pĂšre câĂ©tait Lucien le fils câĂ©tait Sacha. GUITRY. Sang de __ : insulte dans le monde de Harry Potter
LapremiÚre chronique écrite par Paul Léautaud, sous le pseudo de Maurice Boissard, dans la NRF, fut un éloge de Guitry. Sacha. C'était dans les années 20.
SachaGuitry est nĂ© le 21 fĂ©vrier 1885 Ă Saint-Petersbourg d'un pĂšre comĂ©dien, l'illustre Lucien Guitry, et d'une mĂšre comĂ©dienne, RenĂ©e de Pontry. Il arrive Ă lâĂąge de cinq ans en France. Il dĂ©cĂšde Ă Paris le 24 juillet 1957 au terme dâune vie exceptionnelle. L'artiste. LâĆuvre de Sacha Guitry est colossale.
cash. Patrick Buisson / Sacha Guitry Ădition de rĂ©fĂ©rence Albin Michel, 1996. Note. La vie de Guitry est ici sectionnĂ©e dans sa temporalitĂ© par les diffĂ©rentes femmes quâil eut. Lâauteur parsĂšme son livre de citations de Guitry, qui ne sont donc pas indiquĂ© par un numĂ©ro de page. Citation introductive Personne nâatteint dâemblĂ©e la frivolitĂ©. Câest un privilĂšge et un art, câest la recherche du superficiel chez ceux qui, sâĂ©tant avisĂ©s de lâimpossibilitĂ© de toute certitude, en ont conçu le dĂ©goĂ»t. » Cioran Charlotte ou lâĂ©cole des femmes Si les femmes savaient combien on les regrette, elles partiraient plus vite. » Guitry Se dĂ©guiser ce nâest pas refuser la vie, câest la mettre au propre comme on le ferait pour un brouillon parsemĂ© de scories. » Quand une femme du monde dit non, cela veut dire peut-ĂȘtre, quand elle dit peut-ĂȘtre, cela veut dire oui ; quand elle dit oui, alors ce nâest pas une femme du monde. » Guitry Ce qui lâattire dâabord chez les femmes câest ce qui les théùtralise. Il les aime Ă proportion de ce qui en elles participe de lâessence du théùtre le dĂ©guisement, parure de lâinconscient ? Un mensonge ondoyant, scintillant, tentateur qui sous le masque et le maquillage, avoue mieux et plus vite quâun visage nu. De ce point de vue, la coquetterie nâest jamais quâun moyen de crĂ©er un dĂ©cor autour de soi, disponible pour tous les Ă©garements dâun rĂȘve onirique et tendre. » Elle Ă©tait juchĂ©e sur dix centimĂštres de talons, les Ă©paules de son manteau Ă©taient rembourrĂ©es Ă la mode, elle venait de faire sa permanente et ses racines, ses yeux bleus sâornaient dâune frange de faux cils⊠le rouge quâelle avait aux lĂšvres en rectifiait les courbes. â Et avouez quâil faut ĂȘtre aussi fou quâun homme amoureux pour dire Ă cette femme Dis-moi la vĂ©ritĂ©, câest tout ce que je te demande ». » Guitry Tout est dit ou presque ce qui passionne Guitry dans lâamour, câest la rĂ©alitĂ© quâil rĂ©vĂšle, la qualitĂ© de lâillusion quâil propose dans le rĂȘve trompeur dâune transcendance Ă deux, dâune griserie par quoi lâon pourrait sâĂ©vader. SitĂŽt quâil y a contact entre un homme et une femme, on est immĂ©diatement dans le faux, dans le factice, dans les arriĂšres pensĂ©s inavouables â quand ce nâest pas dans lâhypocrisie pure et simple ou lâincomprĂ©hension totale. VĂ©ritĂ©s terribles quâil faut dissimuler sous le masque ironique de lâhomme dâesprit ou escamoter par des cabrioles verbales. VĂ©ritĂ©s stupĂ©fiantes sous la plume dâun jeune homme si manifestement douĂ© pour le bonheur. DâentrĂ©e de jeu, les femmes font les frais de ce pessimisme urticant. Pour elles, lâamour nâexiste quâĂ travers son rapport Ă lâargent, que par sa projection dans les biens matĂ©riels. Tous les couples de son théùtre se feront et se dĂ©feront autour des questions dâintĂ©rĂȘts. Chez Guitry, lâargent est le moyen le plus commode et le plus efficace pour liquider les sentiments et redresser les perspectives. [âŠ] Avec le temps, ce point de vue ne fera que sâaiguiser au point de prendre un tour rĂ©solument didactique. Il ne faut pas attendre que les femmes vous demandent de lâargent. Il faut leur en donner tout de suite. Ăa les remet en place. » » Jâai trente ans, mon vieux. Et six ans de mariage, cela fait trente-six ». Câest la rĂ©plique clĂ© de La PĂ©lerine Ă©cossaise. Lâhistoire se devine aisĂ©ment Ă travers cette comptabilitĂ© spĂ©cieuse. Un couple se fossilise dans un simulacre de vie commune. La vieille pĂ©lerine dans laquelle sâenveloppe lâĂ©pouse dĂšs quâelle est seule avec son mari est symbole de ce relĂąchement entre deux ĂȘtres qui se connaissent trop et qui, depuis trop longtemps, ont renoncĂ© Ă se plaire. A quelques dĂ©tails prĂšs, Sacha et Charlotte interprĂštent sur la scĂšne des Bouffes-Parisiens ce quâils vivent au quotidien. Pour la premiĂšre fois et de façon indiscutable, Guitry puise son inspiration de son expĂ©rience personnelle. Avec la pĂ©lerine Ă©cossaise, il opte pour lâĂ©cobuage, il recycle des fragments Ă©pars de sa vie privĂ©e pour en faire un matĂ©riau scĂ©nique. DorĂ©navant, lorsquâil vivra une situation de théùtre, Sacha ne pourra sâempĂȘcher dâen faire une piĂšce. Au besoin, il la provoquera, essayant sur son Ă©pouse les scĂšnes et les rĂ©pliques quâil destine Ă sa partenaire. Avertissement Ă celles qui vont suivre toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existĂ© dans la vie de lâauteur ne sera plus jamais fortuite. Si bien quâassez vite on ne saura plus sâil faut traquer les pulsations de la vie dans lâĆuvre ou les rebonds de lâĆuvre dans la vie, lâune et lâautre Ă©tant constamment et indissociablement reliĂ©es. » Ce jeu pervers avec le rĂ©el nâest pas seulement un art dâembellir la vie en fabriquant du mensonge utile Ă partir dâune mosaĂŻque de vĂ©ritĂ©s, il obĂ©it Ă un besoin irrĂ©pressible dâĂȘtre en perpĂ©tuelle reprĂ©sentation, comme si le fait de sâexhiber encore et toujours le prĂ©servait dâavoir Ă sâexposer davantage. Insatisfait de son physique, doutant au plus profond de lui-mĂȘme de son pouvoir de sĂ©duction, il jouera sans discontinuer, du lever au coucher, parce quâil lui faut refouler sa vraie nature celle dâun timide. Lâexhibitionnisme de Sacha comme le donjuanisme de Lucien travestissent lâextrĂȘme rĂ©serve des Guitry pĂšre et fils. » Sur la femme adultĂšre Ce qui mâexaspĂšre, câest de penser que ce Monsieur sait maintenant de quoi je me contentais. » Guitry Lâart dâaimer chez Sacha, câest lâart socratique de la persuasion. Sa plus subtile et sa plus convaincante mise en scĂšne, câest Ă son langage quâil la rĂ©serve. Quâil sâagisse de subjuguer une femme ou de conquĂ©rir une salle, la parole est la figure obligĂ©e de la sĂ©duction, le sĂ©ducteur est dâabord un charmeur de mots. La phrase de Guitry avec ses tirets, ses hĂ©sitations, ses reprises, son style au sens architectural du mot, est une phrase de théùtre, faite non pour ĂȘtre lue mais pour ĂȘtre Ă©coutĂ©e. Elle est construite pour entraĂźner par le mouvement et par le rythme dâune cadence Ă bout de souffle qui rebondit de phrase en phrase dans un sautillement jubilatoire. Des mots qui apprivoisent une mĂ©lodie, une mĂ©lodie qui apprivoise celui ou celle qui lâĂ©coute, provoque lâĂ©briĂ©tĂ© des sens, un frĂ©missement de tout lâĂȘtre. Autour de la femme quâil faut convaincre, choquer, rassurer, Ă©tonner, troubler, circonvenir, prendre de vitesse et finalement rendre muette de stupeur et si possible dâadmiration, lâassaut est menĂ© dans une floculation de mots, dans un enchĂąssement de pierreries verbales. Au bout du compte, cette surabondance nâest rien dâautre que la version théùtrale de la parabole sur la multiplication des pains. Lâamant jette les mots par la fenĂȘtre et il lui en revient toujours plus. Au plaisir de dire nâimporte quoi sâajoute cet autre plaisir, plus fort et plus malaisĂ©, de ne jamais dire nâimporte comment. Sacha ou le harcĂšlement textuel. Lorsque deux ĂȘtres sont destinĂ©s Ă tomber dans les bras lâun de lâautre et que lâhomme est en train de parler Ă la femme, jâai lâimpression que bien souvent la qualitĂ© des paroles importe peu. Je pense seulement quâil faut quâune certaine quantitĂ© de choses aient Ă©tĂ© dites. On doit laisser Ă la femme convoitĂ©e juste le temps quâil lui faut pour envisager sa chute sans quâelle ait cependant le loisir dâen examiner les consĂ©quences. » » Autre facette de cette sĂ©duction une bonne humeur inaltĂ©rable » la manipulation de la voix Ă©galement. Sur Charlotte quâil est en train de quitter Ignorant lâempathie, incapable de se mettre Ă la place de cette femme qui souffre, il feint de ne pas comprendre les raisons qui provoquent son irritabilitĂ© ou son dĂ©sarroi. Il ne supporte le drame quâau prix dâune ironie distante qui en dĂ©samorce la charge affective, que sâil peut dĂ©couvrir le comique sous les moments tragiques de la vie. » Quand une femme est Ă©lue, toute les autres devraient prendre le deuil. Quand on devient amoureux dâune femme, ce que les autres peuvent devenir inutile ». Guitry Yvonne ou lâĂ©ternel printemps Nâest pas cocu qui veut. Et nous ne devons Ă©pouser que de trĂšs jolies femmes si nous voulons quâun jour on nous en dĂ©livre. » Guitry le monde nâĂ©tant que leurres et artifices, notamment dans le domaine des sentiments, il importe moins dâĂȘtre constant que de ne jamais ĂȘtre dupe. Et, en fin de compte, de ne rien prendre au sĂ©rieux puisque, selon le mot de Montesquieu La gravitĂ© est le bonheur des imbĂ©ciles. » Il faut ĂȘtre amoureux de la femme quâon aime. Jâentends par lĂ quâil faut la courtiser comme si on ne le lâavait jamais eue â quâil faut la convoiter comme si elle Ă©tait la femme dâun autre. Il faut se la prendre Ă soi-mĂȘme. » Guitry Autant Charlotte dĂ©testait la parade, autant Yvonne partage avec Sacha cette quĂȘte constante de lâexhibition. Dans Ie tourbillon des annĂ©es folles », les Guitry forment le premier couple de lâĂšre mĂ©diatique. Ils nâont quâune rĂšgle tout pour lâĂ©pate ! Ensemble, ils inaugurent une mĂ©thode de notoriĂ©tĂ© en profondeur, inĂ©dite et subtile. Pour ces deux-lĂ nâexiste que ce que lâon montre. Ătre vu, câest ĂȘtre en vue. Cette irrĂ©pressible inclination Ă paraĂźtre, ce besoin dĂ©vorant de plaire, Sacha sâen est expliquĂ© Ă travers le personnage du Grand-Duc On peut considĂ©rer que la personne quâon Ă©pouse est un ĂȘtre plus ou moins vivant avec des dĂ©fauts et des qualitĂ©s, et Ă cĂŽtĂ© de qui on regardera passer la vie. Mais on peut Ă©galement considĂ©rer que la vie nâest pas un spectacle quâon regarde mais bien plutĂŽt un spectacle que lâon offre aux autres ; ça câest lâamour. » » [Dans son théùtre] les rapports entre hommes et femmes y sont figĂ©s dans une intrigue invariable presque rĂ©pĂ©titive et par une distribution intemporelle sur fond de pessimisme sentimental et de misogynie sĂ©ductrice. Dâun cĂŽtĂ©, les femmes, divinitĂ©s capricieuses, lĂ©gĂšres, inaptes aux choses sĂ©rieuses, ignorantes du bien comme du mal mais dont la vocation dâactrice est Ă©vidente et qui passent dâun rĂŽle Ă lâautre avec un naturel prodigieux. Mentir est leur respiration, un souffle qui sâaccorde Ă leur disponibilitĂ©, Ă la futilitĂ© de leurs choix, Ă la diversitĂ© de leurs prĂ©fĂ©rences. A lâaffĂ»t du plaisir, elles sont toujours prĂȘtes Ă sâarranger avec la vĂ©ritĂ© que lâhomme, mari ou amant, attend dâelles. Elles ont un redoutable avantage sur nous elles peuvent faire semblant nous pas. » De lâautre cĂŽtĂ©, les maris qui prĂ©tendent dĂ©cider pour la vie alors que leurs partenaires laissent Ă la vie le soin de dĂ©cider pour elles. Ils ont la constance, la gravitĂ© des enfants devant la versatilitĂ© des grandes personnes, incapables quâils sont de saisir les reflets mouvants de lâexistence. Tracassiers et jaloux, maniaques et prosaĂŻques, ils ont pour fonction exclusive dâapporter le confort et lâargent du couple On Ă©tait le mari/Elle aimait le mari/Elle pourra changer quinze fois de mari/Elle aimera toujours celui qui la nourrit/Plus ou moins. » Dans ces conditions, il est permis de se demander si celle qui choit nâest pas en dĂ©finitive la vĂ©ritable maĂźtresse du jeu, si celui qui sĂ©duit nâest pas, fondamentalement, le grand perdant de lâaffaire. Seul Ă©chappe Ă cette fatalitĂ©, Ă cette dĂ©faite programmĂ©e, lâamant onirique de Faisons un rĂȘve, qui surpasse la femme par un sens supĂ©rieur de la comĂ©die avec ce que cela suppose de vraisemblance et dâinstinct, et qui oppose Ă son inconstance quelque chose de studieux dans la frivolitĂ©. Au milieu des jeux de lâamour, il nâaliĂšne jamais rien de sa luciditĂ© ; il connait Ă fond la rhĂ©torique sentimentale et sa force vient de nâen ĂȘtre jamais dupe. » Les apparences suffisent Ă faire un monde. Tout homme de théùtre sait cela. » CocufiĂ© comme il nâest pas permis de lâĂȘtre, Sacha reste un manipulateur de gĂ©nie. Il est le cocu magnifique. Celui qui, contrairement Ă ce que prĂ©tendent ses dĂ©tracteurs, nâemprunte les mĂ©andres du tout Ă lâĂ©go que pour raconter des histoires qui parlent Ă tous [par son théùtre], qui parlent aussi de ceux qui les Ă©coutent. » Hors de la scĂšne il ne se dĂ©maquille jamais au moral. Ne rien faire, ne rien dire qui puisse porter ombrage Ă son personnage public, entamer la lĂ©gende de lâhomme heureux insĂ©parable de celle de lâauteur triomphant. Pas une fois pendant les deux ans que durera la liaison officieuse entre Yvonne et Fresnay, il ne laissera deviner ses sentiments. Au contraire, il fait en sorte dâapparaitre comme le protecteur de ce rival, dâĂ©tablir avec lui, par-dessus la tĂȘte de lâĂ©pouse adultĂšre, une complicitĂ© dâartistes. Cela lui est dâautant plus facile que les hommes que choisit Mme Guitry ont pour la plupart ceci en commun quâils vouent Ă Sacha une admiration sans bornes. » Câest une grande erreur de croire que, parce quâon est cocu, ou a droit instantanĂ©ment aux autres femmes. » Guitry Elles croient que tous les hommes sont pareils parce quâelles se conduisent de la mĂȘme maniĂšre avec tous les hommes. » Guitry A lâĂ©gard de celui qui vous prend votre femme, il nâest de pire vengeance que de la lui laisser. » Sur le moment, le trait a pu paraitre cruel, inspirĂ© par le dĂ©pit peut-ĂȘtre ? Il nâĂ©tait que prophĂ©tique. Pendant leurs quarante ans de vie commune, Yvonne se plaira en effet, Ă exercer sur Fresnay une tyrannie aussi absolue que celle quâavait exercĂ©e Sacha sur elle. » Sur le divorce qui tourne au sordide Patience ! Elles finissent toujours par faire une chose qui nous empĂȘche dâavoir de lâestime pour elles. » Guitry Jacqueline ou faisons un rĂȘve Cet homme Ă la prĂ©sence Ă©crasante, Ă lâassurance apparemment souveraine, est incapable de rester seul. PrivĂ© du carburant dâautrui, son autonomie est limitĂ©e, sa capacitĂ© dâautosuffisance nulle. Pour trouver sa force et son Ă©quilibre, il lui faut un public fĂ©minin Ă domicile, une comparse Ă sa dĂ©votion, et surtout Ă sa disposition, auprĂšs de qui il pourra vĂ©rifier, Ă tout instant du jour et de la nuit, sa verve crĂ©atrice. Sans cette prĂ©sence fĂ©minine, ce bourreau de travail sâarrĂȘte invariablement dâĂ©crire la veine se tarit, le stylo flirte avec la panne sĂšche. A lâĂ©poque de sa rencontre avec Jacqueline, Sacha ne cherche pas encore Ă dissimuler ce besoin permanent quâil a de se rassurer et dâĂȘtre rassurĂ© sur lui-mĂȘme. Il lâavoue sans ambages Et quand je dis que je nâaime pas les femmes, comprenez-moi. ]âentends par lĂ que je regrette de ne pouvoir mâen passer une journĂ©e entiĂšre, de ne pouvoir rien imaginer sans elles, ni plaisir, ni distraction, ni travail mĂȘme. » » Abstenez-vous de raconter Ă votre femme les infamies que vous ont faites celles qui lâont prĂ©cĂ©dĂ©e. Ce nâest pas la peine de lui donner des idĂ©es. » Guitry Avec Sacha, il en sera toujours ainsi le rapprochement des corps nâest possible que si, dâabord, il sâest produit dans lâimagination. Cette dictĂ©e nâest pas une fastidieuse digression, câest le prĂ©alable nĂ©cessaire Ă un parcours sans fautes. Trop avertie des humeurs de la bĂȘte Ă©trange », Jacqueline nâa rien fait pour Ă©courter cet interminable prĂ©ambule. Elle sait que Sacha a besoin de ces prolĂ©gomĂšnes pour assĂ©cher ce fonds de timiditĂ© qui est lâune des marques essentielles de son caractĂšre. Elle connaĂźt aussi son souhait secret. Câest un caprice de Sacha que de tout attendre du caprice dâune femme ah ! si les femmes pouvaient le violer. » Caprice, vraiment ? Figure de la sĂ©duction théùtrale, Sacha, dĂšs quâil quitte la scĂšne, redoute avant tout lâĂ©chec quâil ressentirait comme une nĂ©gation de tout son ĂȘtre. Les succĂšs que son physique obtient sous les feux de la rampe, il se persuade, bien Ă tort, ne pas pouvoir les obtenir Ă la ville. Ne pas sĂ©duire pour un sĂ©ducteur professionnel, câest-Ă -dire pour quelquâun qui en a fait sa profession, câest ĂȘtre niĂ© dans son essence. Absolument. Les faveurs dâune femme, Ă©crit-il, si je les quĂ©mande, voilĂ ce que jâappelle sâabaisser et puis, un refus mĂȘme entourĂ© de tact et de dĂ©licatesse ah, lâoutrageante blessure dont on ne se remet pas ! » Manifester son dĂ©sir est un risque quâil nâentend courir Ă aucun prix. En amour, il ne lui suffit pas que la femme dispose, encore faut-il quâelle propose. Proposer ? La main plus experte que convenable » de Jacqueline fait mieux que cela elle sâinsinue, elle sâimpose. » Ce quâaime Guitry des femmes en public La femme nâaurait pas le gĂ©nie de la parure si elles ne savaient dâinstinct quâelle joue le second rĂŽle ». Guitry On nâa pas le droit Ă tous les Ăąges, ce serait trop beau. On est un homme de vingt ans ou de trente-cinq ou de soixante. Or, jâai lâimpression que je suis un homme de cinquante ans. » Lâimage est reliĂ©e Ă sa jeunesse oĂč il associe lâimage du sĂ©ducteur au pĂšre, voire au grand-pĂšre maternel. Sacha est perfectionniste, ou a le goĂ»t de la perfection alors mĂȘme quâil sait pertinemment que la perfection nâexiste pas. Cela va de la direction stricte de ses acteurs au travail minutieux de lâimage de sa femme, notamment par lâhabit. Il a aussi par cela le ressentie dâune forme de possession plus subtile et plus vraie que nâimporte quâelle autre. » » Les honnĂȘtes femmes sont inconsolables des fautes quâelles nâont pas commises. » Bref, infidĂšles ou fidĂšles, ses Ă©pouses finissent toujours par lui inspirer cette forme durable de lassitude qui sâappelle le mĂ©pris. Dans le premier cas, il sâabandonne Ă son fond de misogynie, dans le second cas il sâennuie. » Avenue ElisĂ©e-Reclus, Sacha et Jacqueline ne vivent plus la vie conjugale que sous forme dâĂ©chantillons. Pour lâheure, ils semblent avoir pris le parti dâassouplir leurs communes amertumes en le plongeant dans le formol des conventions bourgeoises. » GeneviĂšve ou nâĂ©coutez pas mesdames Les cadeaux de Sacha ne sont jamais anodins. Ils sont les petits cailloux dont ce Barbe-Bleue de la sĂ©duction mondaine aime Ă parsemer son sillage. Ils signalent chaque bifurcation, indiquent chaque dĂ©tour, balisent chaque Ă©tape. A trente ans, ils tĂ©moignaient dâun manque dâassurance, dâune peur panique quâil lui fallait impĂ©rativement compenser par une prodigalitĂ© ostentatoire. Autant de leurres destinĂ©s Ă dĂ©tourner les regards dâun physique quâil jugeait encombrant sinon rĂ©pulsif. A quarante ans, ils visent en apparence Ă faire le bonheur de lâautre, Ă lâentraĂźner dans un tourbillon fĂ©erique oĂč sâabolit la mĂ©diocritĂ© du quotidien. A bien y regarder, ce sont surtout des offrandes faites Ă lui-mĂȘme. Une rĂšgle du Je dont il nâest pas dupe, un rite dâautocĂ©lĂ©bration par quoi il rend hommage Ă lâĂ©clat de ses mĂ©rites, Ă son succĂšs, Ă son talent. Combler tous les vĆux dâune femme, lâentourer constamment de mille prĂ©venances, sâimaginer que lâon possĂšde une relique⊠Nous prenons ça pour de lâamour ; alors que bien souvent, câest de la vanitĂ© pure. Car traiter une femme ainsi, câest vouloir se convaincre soi-mĂȘme et persuader les autres quâon a choisi la mieux, la meilleure de toutes. » » Les bons acteurs sont Ă scĂšne comme Ă la ville, les mauvais sont Ă la ville comme Ă la scĂšne⊠et ils pensent que cela revient au mĂȘme. Mais ce nâest pas vrai. » Guitry De temps en temps, elles ont douze ans. Mais quâun Ă©vĂšnement grave se produise â et crac ! elles en ont huit. » Guitry Au fond, les femmes ne lui plaisent que lorsquâelles mentent. Quelque chose qui participe de la jouissance subvertit alors les situations les plus banales, les transmute en un fantasme dĂ©licieux. Ce quelque chose est pour Sacha la source dâune excitation inĂ©puisable câest lâirruption du théùtre dans la vie de tous les jours. Ce nâest pas parce que tu mens, non, câest parce quâen vĂ©ritĂ© ta sĂ©duction physique nâest extrĂȘme que quand tu mens. Je ne suis pas convaincu par les mots que tu dis, je suis aveuglĂ© par ton charme secret. Tu ne mâabuses pas, tu me troubles. En vĂ©ritĂ©, je vais te dire, je suis pervers et je te prĂ©fĂšre maquillĂ©. » » Un implacable rĂ©quisitoire du beau sexe Le mariage ? Câest vouloir inconsidĂ©rĂ©ment modifier la situation dans laquelle se trouvait la femme le jour oĂč on lâa rencontrĂ©e, le jour oĂč elle nous a plu. La vĂ©ritĂ© ? Vous en avez horreur comme dâune langue Ă©trangĂšre⊠vous avez lâair parfois de la dire mal exprĂšs, comme pour nous en dĂ©goĂ»ter, et vous en avez horreur aussi parce quâelle est impersonnelle, tandis que le mensonge, lui, il est vĂŽtre. » LâĂ©ternel fĂ©minin ? Il est Ă noter quâon met la femme au singulier quand on a du bien Ă en dire⊠et quâon en parle au pluriel sitĂŽt quelle vous a fait quelque mĂ©chancetĂ©. Et câest bien naturel dâailleurs, car lorsque celle que lâon aime vous donne entiĂšre satisfaction, toutes les autres, on les nĂ©glige, on les oublie⊠tandis que, lorsque voyez femme vient de se conduire avec vous comme la derniĂšre des derniĂšres, toutes celles quâon a connues naguĂšre vous reviennent en mĂ©moire avec des aires de vus dire Tu vois que ça ne valait pas la peine dâen changerâ » » Lana ou le nouveau testament AprĂšs son passage en prison, oĂč il reçoit un traitement dâune grande cruautĂ©, il perd aussi sa cour ; son Ćuvre commence Ă se tourner vers un rejet global de la sociĂ©tĂ© et les sentiments dâhorreur que lui inspire lâespĂšce humaine. » A lâĂąge oĂč lâon mesure son optimisme non en fonction de ce quâon vient de de gagner mais dâaprĂšs ce que lâon nâa pas encore perdu, lâart de vieillir nâest souvent que lâart de sâaccommoder des restes » Il Ă©tait trĂšs sĂ©vĂšre, note [Lana], Ă lâĂ©gard des femmes des grands hommes, de leur besoin dâexister aux cĂŽtĂ©s de leur mari et de bien montrer Ă tous Ă quel point il leur appartenait. Sacha avait la pĂ©nible impression de voir ces hommes illustres menĂ©s en laisse par des crĂ©atures minuscules, et dâautant plus exigeantes. Ce qui lâirritait plus que tout, câĂ©tait le style que prenait cette domination. Elle Ă©tait domestique, culinaire, ou hygiĂ©nique. Immanquablement, elle sâexprimait par les Ă -cĂŽtĂ©s, les soucis dâoffice et le terre Ă terre. » Tu mâas sauvĂ© la vie, créé au Gymnase en dĂ©cembre 1949 et portĂ© Ă lâĂ©cran un an plus tard, marque un tournant. Pour signifier son changement de registre, il va hisser une non-couleur le noir. Câest la teinte du narcissisme en berne, la moisissure cryptogamique qui se dĂ©veloppe sur les sentiments altĂ©rĂ©s, les trahisons amoureuses, les amitiĂ©s bradĂ©es dans lâurgence, les larmes qui ne sâĂ©panchent pas. Aux divertissements lĂ©gers et profonds dâavant-guerre succĂšdent des eaux-fortes au dĂ©roulement cruel et implacable. A la comĂ©die de mĆurs se substitue un nĂ©o-rĂ©alisme Ă la noirceur toute documentaire, un burlesque destructeur et grinçant par quoi dĂ©ferle toute lâhorreur du monde. Toute lâhorreur quâil a dĂ©sormais du monde, de son insondable bassesse, de sa sottise perverse, de son effroyable cupiditĂ©. Parce quâil ne croit plus Ă rien qui vienne des autres, il va plus juste et plus loin dans les trĂ©fonds de lâanimal humain. Ce nâest plus une mĂ©moire heureuse qui filtre les souvenirs, câest une mĂ©moire honteuse qui en fait le tri. Le baron Saint-Lambert, un vieil original richissime dont les proches lorgnent lâhĂ©ritage et autour duquel a Ă©tĂ© construit lâintrigue, câest lui, Guitry, bien sĂ»r Comment, je ne crois Ă rien ? je crois Ă lâinjustice, je crois Ă la fripouillerie⊠Je crois Ă lâinsolence et Ă lâingratitude⊠tout se paye⊠Lesage disait fort justement que la justice Ă©tait une si belle chose quâon ne saurait la payer trop cher ! Il en va de mĂȘme du dĂ©vouement, de lâamitiĂ©, de la tendresse⊠et je ne suis pas fĂąchĂ© dâen savoir le prix » ». Dans la piĂšce Depuis deux ans, je ne peux plus faire lâamour⊠et câest aussi un souci de moins, considĂ©rable ! Aussi longtemps que vous pouvez faire lâamour avec nâimporte quelle jolie femme, vous pouvez continuer⊠et mĂȘme vous avez le droit de nâen aimer quâune seule. Mais quand vous ne pouvez plus nâen aimer quâune seule, vous courez le danger de tomber sur une garce ou de devenir un vieux cochon. Je nâai aucune admiration pour les vieillards dont on nous dit quâils arrivent Ă le faire encore. » Lâauteur pose dâailleurs la question de si les rapports entre Guitry et Lana nâont jamais Ă©tĂ© autres que platonique. Dâailleurs Lana frĂ©quente beaucoup FrĂ©dĂ©rique BaulĂ©, alias FrĂ©dĂ©, la patronne du club chic et lesbien Ă lâenseigne du Carolls. Il perd la santé⊠Il rĂ©alise les films La Poison et la vie dâun honnĂȘte homme, marquĂ©s au coin du pessimisme le plus absolu. Un humour destructeur, profondĂ©ment subversif, lui fait retrouver sous le plumage de lâamuseur la verve anarchiste, antibourgeoise, antisociale de ceux qui furent ses maitres Mirabeau, Jarry, Renard, Allais. » Plus que vulgaire, câest bourgeois. » Guitry Il y a celle qui vous disent quâelles ne sont pas Ă vendre, et qui nâaccepteraient pas un centime de vous. Ce sont gĂ©nĂ©ralement celles-lĂ qui vous ruinent. » Guitry La vraie nature de Sacha apparait au grattage. Sous la mince pellicule de la misogynie sĂ©ductrice, on trouve ce lien qui unit les constantes dâun univers, vĂ©rifie, malgrĂ© les dĂ©tours et les dĂ©mentis, lâunitĂ© dâun homme et la cohĂ©rence dâune Ćuvre Ă travers lâinterminable familiaritĂ© querelleuse dâun Ă©crivain avec soi-mĂȘme. On comprend surtout que, chez lui, la lĂ©gĂšretĂ© nâaura Ă©tĂ©, de bout en bout, quâun impeccable exercice de maitrise, lâantidote indispensable Ă son pessimisme absolu. Et que les figures de pure rosserie qui consistaient Ă mĂ©dire des femmes nĂ©taient finalement quâune soupape de sĂ»retĂ©, quun remĂšde au dĂ©senchantement. Lâessentiel est ailleurs dans un fonds lamertume, dans une singuliĂšre mĂ©lancolie masquĂ©e par lâesprit pĂ©tillant des formules, dans une dĂ©fiance Ă©tendue Ă tout le genre humain. Misanthropie et exhibitionnisme vont de pair, pile et face dune mĂȘme mĂ©daille. Le théùtre est le lieu oĂč sexprime et se rĂ©sout cette contradiction apparente selon la recette Ă©prouvĂ©e par son maĂźtre, MoliĂšre, le moyen darpenter lĂ©vidence, le mode dâinvestigation quil a choisi pour se divertir et divertir les autres, câest Ă -dire pour dĂ©busquer la farce sous le drame et pour tromper, par le sourire dâune artificielle gaietĂ©, lâennui que lui inspire la faussetĂ© des relations humaines. InsĂ©parable de la lĂ©gende du misogyne, la fable de lâhomme Ă femmes a longtemps empĂȘchĂ© de voir le reste. Tant il est vrai que Sacha, lĂ aussi, a tout fait et avec quelle constance pour brouiller les pistes. Jâai en horreur des gens mais jâai aimĂ© les choses car dans les choses, il nây a que le meilleur des gens. » Dans quelle catĂ©gorie classait-il les femmes ? Les choses ? Les gens ? Entre les deux ? Quels sentiments Ă©prouvait-il en fin de compte Ă leur Ă©gard ? Quelle prĂ©tention ! » rĂ©pond-il quand une jeune Ă©cervelĂ©e lui demande si elle ne lâennuie pas. De la haine ? fichtre quelle exigence ! Non », fait-il dire au mari dĂ©laissĂ© de Mon pĂšre avait raison. Accordons-lui quâil aura su jusquâĂ la fin moquer cette prĂ©tention et rĂ©sister Ă cette exigence. »
RETOUR CINEMA, TĂLĂVISION, âŠRETOUR CINEMA, TĂLĂVISION, ⊠âș Jean Guitry 1884 â 1920 Lucien Guitry et ses deux fils Sacha Ă Gauche, Jean Ă droite. ComĂ©dien dont le talent ne put jamais Ă©galer celui de son pĂšre et de son frĂšre, mais aussi journaliste, il pĂ©rit dans un accident de voiture prĂšs de Trouville. Dâabord inhumĂ© au cimetiĂšre de Passy, il rejoignit la sĂ©pulture familiale de Montmartre aprĂšs le dĂ©cĂšs de son pĂšre. A partir de 1932, Sacha vĂ©cut avec Jacqueline Delubac quâil Ă©pousa en 1935. Elle joua vingt-trois piĂšces de son mari, dont dix crĂ©ations. D'autre part, elle interprĂ©tera onze de ses films. SĂ©parĂ©s en 1938, leur divorce fut prononcĂ© en 1939. AssociĂ©e aux rĂ©ussites de Giutry, elle ne retrouva plus aucun rĂŽle digne de son talent. A partir de 1955, elle se consacra Ă la peinture et surtout Ă la vie mondaine. Sa fin fut moins glamour un livreur de pizzas la renversa rue de Rivoli. Elle mourut des suites de cet accident. Elle repose avec son second Ă©poux, le joaillier Myran Eknayan 1892-1985. âș GeneviĂšve de SĂ©rĂ©ville 1914 â 1963 CimetiĂšre de Saint-Just-en-ChaussĂ©e Oise Sa carriĂšre dâactrice dĂ©colla grĂące Ă son mariage avec Guitry, en 1939, dont elle crĂ©a cinq piĂšces et fut prĂ©sente dans cinq de ses films. SĂ©parĂ©s en 1944, leur divorce fut prononcĂ© en 1949. SĂ©parĂ© en 1944, le couple divorça en 1949. PrivĂ©e de son mentor, elle dĂ©serta les Ă©crans et Ă©crivit un livre Sacha Guitry, mon mari» 1959, EmportĂ©e par un cancer de la gorge, elle fut inhumĂ©e dans sa commune de naissance. âș Lana Marconi 1917- 1990CimetiĂšre de Montmartre, 1Ăšre division Paris Il lui avait dĂ©clarĂ© Les autres furent mes Ă©pouses vous serez ma veuve. Ces belles mains fermeront mes yeux et ouvriront mes tiroirs. »Vivant avec Guitry depuis 1945, elle lâĂ©pousa 1949 Ă Paris. Elle crĂ©a sept de ses piĂšces. Seul rĂ©alisateur avec lequel elle travailla, elle est prĂ©sente dans la douzaine de films quâil tourna Ă partir de 1948. Lana, effectivement veuve de Sacha, a l'honneur d'ĂȘtre la seule femme a partager l'Ă©ternitĂ© des Guitry. GUITRY Sacha 1885 â 24 juillet 1957CimetiĂšre de Montmartre, 1Ăšre division Paris Artiste dont le timbre et la diction Ă©taient extraordinaires, homme dâesprit dont les bons mots envahissent les dictionnaires de citations, son style souvent lĂ©ger ne fut jamais superficiel et resta ancrĂ© dans la rĂ©alitĂ©. Il voulait saisir la vie dans ce quâelle a de capricieux, pĂ©tulant, fugace et alĂ©atoire. A ce titre, il est une rĂ©fĂ©rence incontournable. Boudant le cinĂ©ma auquel il reprochait de ne pas avoir la mĂȘme puissance que le théùtre, il franchit nĂ©anmoins et vraiment le pas en 1935 avec Pasteur, biographie du savant. Et il suffit de voir Le Roman dâun tricheur Ă lâorigine une de ses piĂšces pour constater quâil Ă©tait bien lâun des grands rĂ©alisateurs de son Ă©poque. ElĂ©gance, dĂ©sinvolture, maĂźtrise et innovation sont autant de ses qualitĂ©s que lâon retrouve jusque dans ses gĂ©nĂ©riques. PassionnĂ© dâhistoire, il inventa aussi les grandes revues historiques qui font dĂ©filer des personnages illustres Remontons les Champs-ElysĂ©es 1938, Le destin fabuleux de DĂ©sirĂ© Clary 1941, etc. A lâapogĂ©e de sa carriĂšre pendant la seconde Guerre mondiale, il fut arrĂȘtĂ© Ă la LibĂ©ration de Paris par un groupe de rĂ©sistants qui lui reprochait son attitude ambigĂŒe Ă l'Ă©gard de l'occupant allemand. IncarcĂ©rĂ© pendant deux mois sans inculpation, les accusations de ses dĂ©tracteurs ne pouvant ĂȘtre prouvĂ©es, son dossier fut classĂ© suivi dâun non lieu-lieu 1947. Cette mĂ©saventure lui fit dire La LibĂ©ration ? Je peux dire que j'en ai Ă©tĂ© le premier prĂ©venu. » Il se justifia par la suite dans Le Diable boiteux 1948, magnifique portrait de Talleyrand. AprĂšs une disgrĂące momentanĂ©e, grĂące au soutien de ses amis, il devint finalement le cinĂ©aste officiel de la IVe RĂ©publique avec de grosses machines comme Si Versailles mâĂ©tait contĂ©, NapolĂ©on et Si Paris mâĂ©tait contĂ© avec toujours de fastueuses distributions servant toujours, et encore, son esprit et son ironie Ă dĂ©faut dâexactitude historique. Mais on peut aussi leur prĂ©fĂ©rer quelques Ă©blouissantes pochades La Poison, AdhĂ©mar, etc. Est-ce par jalousie, il fut souvent lâobjet de mĂ©disances et entretint des relations difficiles avec la critique. Mais alors que Nouvelle Vague fut dâune virulence inouĂŻe avec des rĂ©alisateurs du passĂ©, elle rĂ©habilita Guitry, vĂ©ritable auteur complet » Ă ses yeux. Quand lâĂ©ternel et gĂ©nial cabotin tira sa rĂ©vĂ©rence, comme une ultime reprĂ©sentation, son public, une foule immense, se pressa sur les trottoirs et se bouscula au cimetiĂšre de Montmartre pour lui rendre un ultime hommage. Avec lui reposent Actrice, elle fut d'abord la maĂźtresse de Lucien Guitry qui eut la malheur de ne lui accorder qu'un petit rĂŽle quand il dirigeait le théùtre de la Renaissance. Pour se venger, dans les coulisses, elle sĂ©duisit Sacha de sept ans son cadet. Lucien eut beau entrer dans une rage folle, Sacha lâĂ©pousa en 1907. Elle crĂ©a dix-neuf piĂšces de son mari et reprit Nono en 1910. SĂ©parĂ©s en 1917, leur divorce fut prononcĂ© en 1918. Elle mourut Ă Saint-Jean-Cap-Ferrat oĂč elle fut inhumĂ©e. Les femmes de Sacha Guitry, incorrigible sĂ©ducteur aux nombreuses liaisons. Vous ne pouvez pas savoir ce qu'on s'ennuie Ă Londres un dimanche ! Je m'y Ă©tais rendu le samedi, c'Ă©tait dĂ©jĂ intolĂ©rable, le dimanche, c'Ă©tait impossible, et le lundi je trouvai enfin quelque chose Ă faire je me mariai. » Il le fit cinq fois. RETOUR THĂĂTRE RETOUR THĂĂTRE âș Jacqueline Delubac 1907 â 14 octobre 1997CimetiĂšre de Garches Hauts-de-Seine Enfant du théùtre autant par sa mĂšre que son pĂšre, Lucien Guitry, Sacha Alexandre se lança trĂšs tĂŽt dans lâĂ©criture prolifique de piĂšces de théùtre dans lesquelles il se mit en scĂšne. Auteur et acteur brillant, ce que ses Ă©tudes mĂ©diocres ne laissaient pas entrevoir, Sacha signa une Ćuvre colossale qui lui apporta le succĂšs et la gloire Ă la mesure de son immense talent. Certaines de ses piĂšces sont restĂ©es comme des classiques de théùtre français. âș Dramaturge, acteur, metteur en scĂšne, rĂ©alisateur et scĂ©nariste français âș Charlotte LysĂšs 1877 â 1956CimetiĂšre de Saint-Jean-Cap-Ferrat Alpes-Maritimes TOMBES ET SEPULTURES DANS LES CIMETIERES ET AUTRES LIEUX DerniĂšre mise Ă jourau 22 juin 2021 TOMBES SĂPULTURES DANS LES CIMETIĂRES ET AUTRES LIEUX par Marie-Christine PĂ©nin Pour s'abonner Ă la Newsletter CLIQUER sur "Contact" en prĂ©cisant bien le sujet et votre adresse LIEUX D'INHUMATIONSEN LIGNEancien cimetiĂšre rĂ©volutionnaireancien cimetiĂšre rĂ©volutionnairedisparuCimetiĂšre Ste-Catherine 75disparudisparue COPYRIGHT 2010 - 2022 - TOUS DROITS RĂSERVĂS - Ce site est propriĂ©taire exclusif de sa structure, de son contenu textuel et des photos signĂ©es MCP. Sauf accord du propriĂ©taire du site, toute reproduction, mĂȘme partielle, Ă titre commercial est interdite. 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Marcel Zannini, 28 juin 2017 Marcel Zannini, dit Marcel Zanini, est un musicien de jazz saxophone tĂ©nor, clarinette, chant nĂ© le 7 septembre 1923 Ă Constantinople Empire ottoman. Sommaire 1 Lien avec Marc-Ădouard Nabe 2 Citations Marcel sur Nabe Nabe sur Marcel 3 IntĂ©gration littĂ©raire 4 Notes et rĂ©fĂ©rences Lien avec Marc-Ădouard Nabe Marcel Zannini est le pĂšre de Marc-Ădouard Nabe, conçu Ă New York, oĂč Marcel et sa femme Suzanne vivaient entre 1954 et 1958. Ă cette pĂ©riode, Marcel travaille dans une boutique dâanches et rencontre de grands musiciens de jazz, dont John Coltrane, Charlie Parker et Billie Holiday. En mars 1955, Zanini prend les derniĂšres photos de Charlie Parker jouant au Birdland avec Bud Powell, Charles Mingus et Art Blakey. De retour en France en 1958 pour la naissance dâAlain Zannini, il continue sa vie de chef dâorchestre Ă Marseille puis, en montant Ă Paris, connaĂźt un succĂšs fulgurant en janvier 1970 avec Tu veux ou tu veux pas ?, avant que Brigitte Bardot nâenregistre sa propre version du titre. Zanini fera profiter au futur Nabe de sa pĂ©nĂ©tration du monde du showbiz aprĂšs son tube », ce qui permettra Ă lâĂ©crivain Ă venir dâemmagasiner tout un tas de connaissances du milieu du music-hall et de la chanson française. Zanini intĂšgrera son fils dans diffĂ©rentes Ă©missions de radio et de tĂ©lĂ©vision ainsi que des sĂ©ances photos. Zanini et les camarades de classe dâAlain, tous portant un masque de son pĂšre, sauf un... Boulogne-Billancourt, 1971 Amateur de peinture Matisse, Modigliani, LĂ©ger.., Zanini est surtout un passionnĂ© de Picasso dont il a transmis le goĂ»t trĂšs tĂŽt Ă son fils. En littĂ©rature, totalement autodidacte, Zanini sera un lecteur de Montherlant, Giraudoux, Pirandello, Wilde et Tchekhov... Mais câest surtout CĂ©line qui domine totalement sa culture ». Et câest bien sĂ»r grĂące Ă Zanini que Nabe lira lâauteur de Rigodon. Musicalement, ayant fait baigner le futur Nabe dans le jazz avant mĂȘme sa naissance, il a encouragĂ© et suivi le parcours instrumental de son fils, passĂ© du piano au trombone, du trombone Ă la batterie, et de la batterie Ă la guitare. Le pĂšre engagera le fils dans son orchestre dĂšs lâĂąge de 17 ans, ce qui permettra Ă Nabe de pratiquer la guitare, de cĂŽtoyer les musiciens et dâapprofondir sa connaissance du jazz de lâintĂ©rieur avec notamment Sam Woodyard et François Rilhac.... Pendant des dĂ©cennies, bien des aventures pas toutes racontĂ©es encore dans les livres de Marc-Ădouard Nabe ont eu lieu entre les deux personnages. Le Zanine », comme lâappelle Nabe dans son Ćuvre, a fait dâabord lâobjet de tout un chapitre du RĂ©gal, TempĂȘte sous une moumoute », et a plus largement une place particuliĂšre dans toute lâĆuvre de lâĂ©crivain les journaux intimes surtout. Zannini est transposĂ©, sans nom, en clown dans Le Bonheur 1988[1] et en aveugle dans Je suis mort 1998[2]. Il apparaĂźt, Ă lâĂąge de 92 ans, plusieurs Ă©pisodes de la sĂ©rie des Ăclats de Nabe » en 2015. Citations Marcel sur Nabe Fais gaffe... » La VĂ©ritĂ© n°3, janvier 2004 Nabe sur Marcel Lundi 29 aoĂ»t [1983]. - Deux jours aprĂšs Lester, c'est au tour de Parker dâavoir pu avoir soixante-trois ans ! Un jeune retraitĂ© qui soufflerait ses bougies Ă la mitrailleuse ! Cette commĂ©moration intime est lâoccasion pour le Zanine de ressortir ses souvenirs dâAmĂ©rique que je connais par cĆur et qui me ravissent toujours. Pour mon pĂšre, la vie est une extase. Et lâart en est le seul responsable toutes les misĂšres sont sans importance pour un artiste. L'artiste amateur ou crĂ©ateur est sauvĂ© dâavance parce quâil a la chance dâapprĂ©cier les choses de la beautĂ©. La Nature lui a donnĂ© ce sens alors quâelle le refuse Ă bien dâautres, qui nâont pas plus de raison de vivre que de mourir. LArt, pour Marcel, rend futile la pire des agonies. LâArt, cest la libertĂ© en soi, pour toujours. La plus fantastique machine d'exaltation et de bien-ĂȘtre câest le plus beau des remĂšdes. Je suis loin de cette idĂ©e, inutile de le dire. Câest une conception de musicien. » Nabeâs Dream, 1991, p. 83 Samedi 8 octobre [1983]. â 21 ». ArchibourrĂ© Ă craquer. Les gens attendent dehors pour descendre Ă©couter Grif. Je suis devenu le prince ici. Un oiseau dans la jungle. Marcel arrive. Il mâapporte des affaires propres. Je vais dans les chiottes me mettre en costume noir et nous Ă©changeons nos cravates. Je passe par cĆur en Aristide Bruant morbide. La foule sâaccroĂźt. Charlie a le tiroir-caisse qui fait des sauts pĂ©rilleux arriĂšre. Slim Gaillard est encore lĂ , nous plaisantons ensemble. Au deuxiĂšme set, mon pĂšre, mort de peur, est invitĂ© par Griffin pour une jam. Les gens hurlent de joie. Ils attaquent Just friends et trĂšs gentiment Grif laisse le Zanine dĂ©vider ses chorus mal assurĂ©s mais pleins de son. Tout cela est vidĂ©ofilmĂ©. AprĂšs le triomphe, le petit gĂ©ant insiste pour que Marcel continue. Beaucoup plus dĂ©contractĂ©, il se lance alors dans un blues en sol formidable oĂč la rythmique tourne comme une table hantĂ©e. Câest lâhystĂ©rie dans le club. LĂ papa joue vraiment trĂšs bien. Beau dĂ©coupage lesterien, bonne mise en place, bonne anche. Je crois rĂȘver. Le fils mettant le pĂšre sur un coup ! Jouer avec Griffin a certainement Ă©mu profondĂ©ment Marcel. C'est une de mes rares satisfactions depuis plus de deux mois. Slim le fĂ©licite aussi sur son mĂ©lange de Lester et de Byas. Ăa vibre pour le petit pĂšre. Baume. » Nabeâs Dream, 1991, pp. 133-134 Mardi 1er novembre [1983]. â Marcel drague au restaurant un cageot immonde comme lui seul en a le goĂ»t. Jâai honte dâarriver au Petit Journal avec une telle fille. Câest sa spĂ©cialitĂ© ! DĂšs quâil y a une belle femme, il fait le timide ; les ailes ne lui poussent que lorsquâune caisse est assez tordue pour mordre Ă ses minauderies ridicules de crooner vieillot. » Nabeâs Dream, 1991, p. 156 Samedi 7 janvier [1984]. - Bonne discussion avec mon pĂšre au sujet de Mesdames, Messieurs quâil trouve un peu trop aigri. Je suis comme le prince de ce conte qui fit pendre le peintre de son royaume parce quâil montrait dans ses tableaux une trop belle vision du monde. Ce sont les enfances trĂšs heureuses qui font les malheureux jâen suis sĂ»r... Le Zanine trĂšs en verve me parle de lâart et de sa stagnation universelle, de lâhistoire du jazz, de lâoreille faussĂ©e de la jeunesse pernicieusement humiliĂ©e par le boum-boum de la nouvelle musique populaire le rock, des thĂšmes dĂ©modĂ©s de Parker si câest pas lui qui les joue, des bienfaits artistiques des guerres, du trio du siĂšcle Parker-Picasso-CĂ©line, et de l'espĂ©rance de nouveaux messies quĂ se font attendre... Nabeâs Dream, 1991, p. 213 Mercredi 25 janvier [1984]. â De retour de province, Marcel ramĂšne de trĂšs vieux et prĂ©cieux 78 tours que la veuve dâun vieil ami lui a confiĂ©s. Nous Ă©coutons religieusement ces reliques Ă©raillĂ©es de concerts marseillais des annĂ©es 50 oĂč Marcel, Arvanitas, LĂ©o Missir et Jean-Pierre accompagnent Don Byas ! Ils n'avaient peur de rien ! Allenâs alley ; Robinâs Nest, en pleine fraĂźcheur ! Zanine Band and Byas !... Quels souvenirs ! Ils avaient tous dans l'orchestre douze mois dâinstruments dans les doigts. Marcel a bien gardĂ© sa sonoritĂ© on dirait Zoot Sims sur certains sillons il perd un peu les pĂ©dales dans les tempos rapides... These foolish things, How high the moon, Whispering, All the things you are sont encore Ă©tayĂ©s dâarrangements un peu prĂ©somptueux... Câest le bop de la pĂ©tanque ! Les grands moments sont les tonitruantes entrĂ©es de Don Carlos, ses cascades lyriques sous les ponts des anatoles, et une belle version touffue de la dĂ©chirante Laura ! Je lis Ă pleine voix les arrangements de postures du cher DolmancĂ© ! Ma mĂšre se bouche les oreilles pendant que Marcel sâĂ©croule de rire ça marche, comme sur Jean-Pierre... Tous les hommes doivent rire, câest le test, le test dâhumour! Les femmes ne peuvent pas rire de Sade, d'abord parce quâelles nâont ni humour ni imagination, et surtout parce qu elles ne peuvent pas jouir. » Nabeâs Dream, 1991, p. 237 Vendredi 24 fĂ©vrier [1984]. â Je rĂ©cupĂšre Rubis que javais demandĂ© Ă Marcel de mâapporter pour Henric. En nous ramenant en voiture, il mâavoue quâil a lu les premiĂšres pages, sâautorisant un droit que je lui ai toujours refusĂ© ! Et c'est lui qui crie au scandale. Il a apprĂ©ciĂ© le dĂ©but de lâaventure, mais a dĂ» sâarrĂȘter net, dĂ©goĂ»tĂ© et rebutĂ© par ma stance au sujet de StĂ©phane Grappelli, anodine griffure qui rĂ©prouve violemment âTrĂšs bon musicien de cafâ concâ, mais pas de jazz. Il a gĂąchĂ© tous les enregistrements de Django Reinhardt ! Je ne peux pas le supporter avec ses chemises bariolĂ©es "ça-va-avec-tous-les-repas" et ses envolĂ©es pompelardes de prĂ©cieuse ridicule ! Heureusement, il n'en a plus pour longtemps son violon sent le sapin.â â Câest la Diffamation qui tâattend ! EnlĂšve ça ! C'est une honte ! Son violon sent le sapin... Tu ne te rends pas compte ! me lance-t-il en dĂ©marrant. HilaritĂ© dâHĂ©lĂšne, Est-ce ma faute Ă moi si je prĂ©fĂšre Ray Nance ? » Nabeâs Dream, 1991, p. 291 Au dĂ©but, on peut croire Ă une absence, une distraction gĂ©nĂ©rale comme ça qui se pose sur sa frĂ©quence de rĂ©alitĂ©, par trous divers, par brouillages ainsi, mais bien vite on voit quâil sâagit dâune fuite, dâun refus voulu depuis si longtemps quâil ne le maĂźtrise mĂȘme plus. DĂšs que vous lui adressez la parole, il se dĂ©branche. Au bout, de deux secondes, il nây a plus dâyeux, vous le voyez chavirer, câest fini. Il a les yeux qui ne vont pas avec le regard. Câest instinctif chez lui Ă peine quelquâun lui parle quâil se dĂ©connecte, il enlĂšve une prise en lui, il se met dans une incapacitĂ© dâĂ©couter, de comprendre, de rĂ©agir Ă ce quâon lui dit qui le protĂšge de tout. Quelle merveilleuse technique ! Mon pĂšre ne se fait pas chier dans lâexistence. Ce que les autres disent ne lâintĂ©resse absolument pas il connaĂźt dâavance. Seule le rassemble la musique le reste, ça le laisse sâenvoler, sâĂ©parpiller, sâeffilocher filandreusement dans lâatmosphĂšre comme une blanquette mentale... Câest quelque chose qui donne la chair de poule. Ă peine on commence Ă parler, il sâĂ©teint. Il ne faut pas essayer de lui faire comprendre, le persuader, le convaincre, encore moins lui raconter quelque chose les rĂ©cits, câest physique, il dĂ©croche immĂ©diatement, vertigineusement... Byzance, câest un homme qui ne participe Ă rien de la vie. Il nâĂ©coute pas. Il ne voit rien. Câest lâinattentif par excellence. Il ne fait mĂȘme pas semblant dâĂ©couter. Il fuit en courant devant le moindre effort. On dirait Ă voir sa mine Ă©ternellement sinistre quâil est plein de soucis. Il se demande simplement comment gagner sa vie le lendemain. Nous avons toujours vĂ©cu vraiment au jour le jour. Il a la chance de gagner sa vie avec sa clarinette, car il fait partie de ces types â jâen suis un atroce autre plus dĂ©cidĂ©, plus butĂ©, plus ingrat â qui sont incapables dâautre chose. Miraculeusement, depuis quarante ans, il ne sâest jamais arrĂȘtĂ©. Il nây a jamais eu de problĂšme dâargent chez nous quand Byzance revient dâune gĂąche, il balance les liasses sur la table chacun se sert ma mĂšre est la reine de la gĂ©rance, sans elle on serait sous le pont de lâAlma... On prend les miettes qui restent, de quoi acheter un disque de Miles ou la PlĂ©iade de VallĂšs ! ... Câest ça le plus beau tout infirme mental quâil est, il reste encore le plus lucratif, le plus utile, le plus populaire et le plus disponible. Câest quâil se rĂ©gale, rĂ©solument. Proportionnellement Ă lâangoisse nausĂ©euse de la vie, de tous les ĂȘtres humains qui essaient de sâen sortir on se demande pour entrer oĂč ?, câest mon pĂšre qui sâamuse le plus. Avec sa clarinette il oublierait tout sâil avait encore quelque chose Ă oublier mais tout a Ă©tĂ© oubliĂ© dâavance. DĂšs quâil souffle, il ne pense plus Ă rien. Et quand il ne joue pas, il ne pense quâĂ une chose Vivement que je joue pour ne penser Ă rien. » Il ne se passe plus rien dans sa tĂȘte quand il souffle ses notes dâĂ©bĂšne dâune dĂ©licatesse quasi rĂ©pugnante. Il est arrivĂ© Ă vivre de sa clarinette, câest-Ă -dire quâon le paie pour ne penser Ă rien ! De plus, il est plus viril que moi. A la fois pratique et fou. Il ne comprend rien et oublie tout, il ne peut pas aligner deux phrases, ni raconter quelque chose, il distrairait la Distraction elle-mĂȘme, il est excessivement dĂ©tachĂ© de certaines contingences torrides, et par-dessus tout ça, il arbore un bon sens insupportable, une logique dâune mauvaise foi rĂ©voltante, un raisonnement dâun fonctionnel et dâune impeccable cohĂ©rence il peut rĂ©soudre tous les problĂšmes dâordre pratique, maĂźtriser les lieux et les dates, les croisements et les rendez-vous câest son plaisir. Il est passionnĂ© par les horaires, par exemple des journĂ©es entiĂšres il travaille comme un savant fou à ça, les gens viennent lui demander des conseils sur leurs ennuis de trains, dâavions, comment faire correspondre les changements, le chemin le plus rationnel, la meilleure heure pour les bouchons... Pour la fĂȘte des soi-disant pĂšres, je lui ai offert les Ćuvres complĂštes de la et dâAir Inter avec les vols bleus et tout ! huit volumes... ... Mon pĂšre, câest quand mĂȘme un monde. Câest un cas de force majeure. Sa tĂȘte Ă la Edgar Poe, tragique et engloutie, emmerdĂ©e de soucis Ă©nigmatiques, est lâune des choses qui me font le plus rire au monde. DĂšs que je le vois, je vais mieux. Dans quelque Ă©tat oĂč je me trouve, dĂšs quâil mâapparaĂźt jâai un rire nerveux qui me pince le cĆur. Sa philosophie roublarde dâodieux dĂ©tachement est si clairement affichĂ©e, que je suis heureux dâavance des catastrophes, des agacements, des malentendus et des dĂ©routes quâelle va provoquer. Quand il y a des soirĂ©es, on nous met aux deux bouts de la table, surtout pas ensemble sinon on dĂ©noue nos codes, on se fait rire, on dĂ©conne trop ça vous casse un dĂźner ! Byzance nâa pas de vie intĂ©rieure. Il nâa aucun problĂšme psychologique. Il a une vie parallĂšle qui suit son cours, imperturbable et majestueuse de dĂ©tachement complet, totalement Ă cĂŽtĂ© de ce qui se passe, Ă chaque instant. Il est dĂ©courageant. ... Byzance, qui peut ĂȘtre le type le plus drĂŽle du monde, retombe entre deux traits dâesprit dans lâabrutissement sinistre dâun inspecteur de la RĂ©pression des fraudes. Il est trĂšs bon dans les mots courts. Câest pas un long conteur, encore moins un âfoisonnantâ il sâĂ©puise vite, il digresse, il se perd dans les relatives et les conjonctions surtout dĂšs quâil fait attention Ă sa propre subtilitĂ©, ça lâĂ©meut, il perd le fil. Ariane elle-mĂȘme, lasse de le voir hĂ©siter, se saque vite au loin, hop ! Câest pas un lyrique mon pĂšre, pas du tout câest pas un descriptif. Incapable de dresser un dĂ©cor, des personnages, de jouer avec son pouvoir dâĂ©vocation, de composer ses nuances. ZĂ©ro. Aucun goĂ»t non plus de la mĂ©taphore ou du lieu commun comme ma mĂšre. Câest le roi de la remarque piquante recouverte dâune tonne de sucre, et qui fait mouche. Loukoums empoisonnĂ©s ! Je nâai jamais vu quelquâun remarquer Ă quel point ses petits mots pseudo-anodins peuvent ĂȘtre blessants. Parce quâil ne faut pas croire trop fainĂ©ant pour ĂȘtre mĂ©chant, mon pĂšre nâa pas moins en lui une sorte de mĂ©pris dĂ©guisĂ© en humilitĂ©, un orgueil naĂŻf, une certitude dâavoir raison, pas du tout affichĂ©e, et enrobĂ©e lĂąchement par une gentillesse trĂšs lĂ©gĂšrement Ă©cĆurante par laquelle il se rĂ©concilie pour un cĂŽtĂ© Ă la crouillasserie de sa nature ! Ăa lui suffit pour ne plus douter de sa âviolenceâ. Il a une maniĂšre de virilitĂ© de la sympathie, et il dit des choses Ă©normes qui passent trĂšs bien. Vexer Ă cĂŽtĂ© de la plaque lui suffit pour se sentir fort, non enculĂ© par le monde. TempĂȘte sous une moumoute, LâĂtre au pair », Au rĂ©gal des vermines, 2012 1985, pp. 185-187 + 191 + 192-193 Mardi 26 mars 1985. â SĂ©ance dâenregistrement du quatriĂšme trente-trois tours de Marcel. Le jour nâest pas trĂšs bien choisi. Le quartet revient dâune semaine harassante. Sam est une momie, lente et bougonne. Chebel a baisĂ© toute la nuit sa basse sur sur les genoux... Rilhac et moi, on sâoccupe Ă peine de monter ses caisses que Sam est dĂ©jĂ au bar du coin Ă sâenwhiskycocaliser... Pourtant il ne sâenivre pas ce sont les alcools qui sâenivrent de lui. Il sâen pare. Ils sont ses eaux de Cologne. Câest le type qui va au bistro fĂȘter la fin de sa cure de dĂ©sintoxication. AprĂšs chaque morceau il traverse la rue et rĂ©apparaĂźt un peu plus titubant aprĂšs une demi-heure dâabsence. Les nerfs de Marcel hĂ©sitent un peu Ă lĂącher, puis ma bonne humeur et mes sarcasmes parviennent Ă les retendre, les rĂ©accorder Ă la situation il Ă©tait un peu bas quand mĂȘme, comme son barillet... Sam nâest pas seul fautif Marcel a une conception dĂ©testable de la maniĂšre dâenregistrer un disque nâayant absolument rien prĂ©parĂ©, il en fait un bĆuf plus filandreux encore que les autres, une espĂšce de concert pour personne. Un live mort... Lâambiance du studio pĂ©trifie toute spontanĂ©itĂ©. De la musiquette en bocal. Pris Ă froid vers les 14 heures, nous sommes lĂ pour jouer les Ă©ternels mĂȘmes thĂšmes ! Ce nâest pas trĂšs stimulant. Sam lâa bien senti qui sâacharne sur lâabsurditĂ© de rĂ©pĂ©ter et dâaccumuler les prises de Rosetta ou de My Buddy !!! Finalement, mon pĂšre est, par sa paresse, son indĂ©cision, son bordel interne et sa sinistre routine, un grand explorateur de la grĂące rarement mieux que lĂ , je me rends compte que câest lui qui prend le plus de risques, qui donnant Ă lâimprovisation tout son sens suicidaire. Ce ne sera pas un bon disque, mais il faut se mĂ©fier avec le Zanine, on ne sait jamais il y a des Ă©quilibres que le funambule ne trouve quâen tombant. » Tohu-Bohu, 1993, p. 952 CâĂ©tait le 7 septembre. Jâavais choisi ce jour-lĂ pour mâĂ©vanouir dans lâatmosphĂšre car câĂ©tait lâanniversaire de mon pĂšre. Quel plus beau cadeau aurais-je pu lui faire que celui de ma disparition ? âTu reviendras dans deux semaines, prophĂ©tisa-t-il stupidement comme pour masquer son futur manque de moi. Câest comme quand tu meurs, on te pleure trois jours, puis on tâoublie. Regarde-moi, si je mourais, tu ne pleurerais pas six mois !â Je laissai papa Ă ses soixante-dix-sept ans. âDĂ©sormais, je ne pourrai plus lire Tintin...â Et câest dans cette derniĂšre phrase que mon pĂšre, qui sâappelait Marcel, mit toute la mĂ©lancolique ironie dont il avait Ă©tĂ© incapable pour commenter mes adieux. » Alain Zannini, 2002, p. 12 IntĂ©gration littĂ©raire Au rĂ©gal des vermines 1985 LâĂme de Billie Holiday 1986 Le Bonheur 1988 Nabeâs Dream 1991 Tohu-Bohu 1993 InchâAllah 1996 Je suis mort 1998 Coups dâĂ©pĂ©e dans lâeau 1999 Kamikaze 2000 Alain Zannini 2002 Le Vingt-septiĂšme Livre 2009 Les Porcs tome 1 2017 Patience 3 2017 Aux Rats des pĂąquerettes 2019 Notes et rĂ©fĂ©rences â Marc-Ădouard Nabe, Chapitre XXIII âPapa, ta mĂšre est morte !â », Le Bonheur, DenoĂ«l, 1988, pp. 413-430. â Marc-Ădouard Nabe, Je suis mort, Gallimard, 1998, pp. 80-84. v mMarc-Ădouard Nabe Livres Au rĂ©gal des vermines 1985 Zigzags 1986 Chacun mes goĂ»ts 1986 LâĂme de Billie Holiday 1986 Le Bonheur 1988 La Marseillaise 1989 Nabeâs Dream 1991 Rideau 1992 Visage de Turc en pleurs 1992 LâĂge du Christ 1992 Petits Riens sur presque tout 1992 Nuage 1993 Tohu-Bohu 1993 Lucette 1995 InchâAllah 1996 Je suis mort 1998 Oui 1998 Non 1998 Loin des fleurs 1998 et autres contes 1999 Coups dâĂ©pĂ©e dans lâeau 1999 Kamikaze 2000 Une lueur dâespoir 2001 Alain Zannini 2002 Printemps de feu 2003 Jâenfonce le clou 2004 Le Vingt-septiĂšme Livre 2009 LâHomme qui arrĂȘta dâĂ©crire 2010 LâEnculĂ© 2011 Les Porcs, tome 1 2017 Aux Rats des pĂąquerettes 2019 Les Porcs, tome 2 2020 Presse LâĂternitĂ© 1997 La VĂ©ritĂ© 2003 - 2004 Patience 2014 - ... Nabeâs News 2017 - ... Tracts Zidane la racaille 24 juillet 2006 Les Pieds-blancs 24 octobre 2006 Et Littell niqua Angot 23 novembre 2006 ReprĂ©sente-toi 1er mars 2007 La Bombe de DamoclĂšs 31 octobre 2007 Le ridicule tue 15 avril 2008 Sauver SinĂ© 20 septembre 2008 Enfin nĂšgre ! 20 janvier 2009 Textes non repris en volume La jambe 1986 Le courage de la fraĂźcheur 1996 La jungle de Bernstein 1997 Les tournesols de Dovjenko printemps 2000 Celui qui a dit merdre mai 2000 Mon meilleur ami juin 2000 Anthony Braxton Ă lâinstant mĂȘme juillet 2000 La mort de Polac automne 2000 LâathlĂšte de la larme 2001 Le Klaxon du fanfaron mars 2003 Le flou Baumann octobre 2003 Glauque Story novembre 2003 Je ne faisais pas bander Chanal novembre 2003 En 2003, le cinĂ©ma est mort dĂ©cembre 2003 LâOiseau de Dieu mars 2005 Le temps de voir et dâaimer Sirk octobre 2005 Le HuitiĂšme ciel dĂ©cembre 2005 Le vingt-septiĂšme Chorus juillet 2006 Pastorius Ă mort septembre 2007 Le cauchemar Duvivier mars 2010 LâEunuque raide printemps 2014 Sur Nabe LâAffaire Zannini 2003 Morceaux choisis 2006 Personnages Georges Ibrahim Abdallah Albert Algoud François Angelier Christine Angot Thierry Ardisson Paco Balabanov Bernard Barrault Jean-Dominique Bauby Guy Bedos Nicolas Bedos FrĂ©dĂ©ric Beigbeder Georges-Marc Benamou Pierre BĂ©nichou Jackie Berroyer Jean-Paul Bertrand Patrick Besson Paul-Ăric Blanrue François Boisrond Laurent Bosc GĂ©rard Bourgadier Anthony Braxton Lisa Bresner Renaud Camus Bertrand Cantat Carlos Catsap RenĂ© Caumer François Cavanna Pierre Chanal Jacques Chancel Professeur Choron Kenny Clarke Pierre ClĂ©menti Thomas Codaccioni Daniel Cohn-Bendit Lucien Combelle Marc Dachy Maurice G. Dantec Guy Debord
le pÚre c était lucien le fils c était sacha